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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 06:52

HISTOIRE-DE-LISEY.jpgHistoire de Lisey est un roman fantastique de Stephen King paru en 2006.  Un  écrivain,assassiné par un psychopathe, laisse une veuve qui doit faire face à son deuil, à la maladie de sa soeur qui s'automutile, ainsi qu'aux tentatives de meurtre d'un autre psychopathe.

 

 

Le noeud de l'histoire est l'assassinat du romancier par un tueur blond, que la narratrice désignera sous le nom de Blondie.

 

 

Il est important de noter que ce roman fourmille de personnages, mais qu'il contient trés peu de description physique, comme si l'aspect corporel est finalement de peu d'importance et que seul compte, en définitive, l'esprit des êtres humains; l'enveloppe corporelle semble peu signifiante, en tous cas négligeable et peu digne d'être relatée. C'est ainsi qu'on apprend incidemment que la narratrice et son mari, l'écrivain décédé, ont tous deux les cheveux bruns soit deux mots dans un livre de 754 pages.

 

 

 

                         Par contre,

 

 

 

Blondie, le tueur psychopathe, lui, est abondamment décrit, jusque dans les détails les plus crus. Il n'est même pas désigné  par son nom, comme un être humain, mais par une caractéristique raciale; un peu comme si un personnage afro-américain était systématiquement désigné sous l'appellation "le crépu", ou bien un juif américain constamment désigné sous le nom de "gros-pif".

 

C'est ainsi que l'on apprend que le tueur fou a " une fabuleuse chevelure blonde" (p.58). Plus tard, p 61 :" En face d'elle, Blondie repousse ses cheveux en bataille de son blanc front raffiné. Ses mains sont aussi blanches que son front et Lisey pense : Voilà un petit cochon qui reste beaucoup à la maison. Un pourceau casanier, et pourquoi pas ? Il a toutes sortes d'idées étranges à rattraper"  P. 69 : "Les yeus bleus quelque peu étrange de Blondie (...) P.  70 : "Une main qui semble toute de long doigts pâles souléve les pans de la chemise blanche (...) P. 71 :" (...) Blondie a retroussé jusqu'en haut le bas de sa gigantesque chemise blanche, et en dessous il y a des passants de ceinture vide, et un ventre plat et glabre, un ventre de truite et reposant contre cette peau blanche, il y a la crosse d'un revolver (...)

 

On relévera les qualificatifs tirés du monde animal à propos du "blond", tels que cochon, pourceau ou truite. Ce procédé bien connu vise à déshumaniser la personne, à lui retirer la protection due à un véritable être humain, y compris la protection judiciaire,  avant de le livrer aux violences qu'il mérite, du moins dans l'esprit de l'accusateur. On peut noter aussi le degré de haine que cela suppose de la part du romancier, avec cette insistance quasi pathologique et à coup sûr insidieusement contagieuse.

 

Nous relevons plus de 25 occurences du nom "Blondie" dans ce roman, soit une insistance qu'on pourrait qualifier de "pédagogique" sur l'origine raciale du psychopathe.

 

Mais cette appellation de "Blondie" ne renvoie pas qu'à des références raciales; elle renvoie également à des références culturelles et historiques. Dans le cadre des références culturelles, il est loisible de noter que "Blondie" est un nom désignant usuellement une femme : Ainsi, le groupe musical du même nom avec son égérie Deborah Harry, ou bien, en ce qui concerne plus spécifiquement les USA, le comic-strip "Blondie" où l'héroïne est une jeune fille exubérante. Or, le fait d'imposer un nom féminin à un personnage masculin indique soit une accusation voilée d'homosexualité, soit une volonté de détruire symboliquement l'être humain visé en lui déniant sa qualité d'être masculin, signe de son identité, y compris dans la possibilité de la paternité. Dans le cadre des repéres historiques, la référence la plus proche est bien sûr Blondi, le célébre chien-loup d'Hitler. Dans ce cadre sémantique, on atteint  deux signes  d'infamie de référence, le monde animal auquel est ravalé le "blond" ainsi que le nazisme et son obsession de pureté raciale.

 

 

 

 

                                                 De même,


 

 

Le deuxiéme tueur psychopathe, qui sera dévoré vivant par une créature de cauchemar,  bénéficie lui aussi d'une soigneuse description physique :"Il avait un visage étroit et sans une ride, des yeux bleus vifs (...) Il pouvait faire un métre quatre-vingt; il pouvait faire un petit peu moins. Les poils follets qui s'échappaient de la bordure de sa casquette de base-ball étaient d'un châtain blondasse parfaitement ordinaire."

 

 

stephen-king-2.jpg

                                          Stephen King, un écrivain populaire et influent

 

 

 

 

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commentaires

R
Je pourrais faire un copier-coller de mon commentaire sur l'article précédent.
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